Étalonnage des activimètres : ce qu’il faut savoir
Injecter la bonne dose au bon patient, c’est maîtriser une chaine complexe. Elle commence par l’étalonnage des activimètres. Rappelons qu’il s’agit d’une chambre d’ionisation qui permet de mesurer une activité ! S’assurer de son bon fonctionnement quotidien, c’est le rôle du contrôle de qualité. Mais comment faire en sorte que vos mesures soient à la fois exactes et précises ? Cet article fait le point sur les questions abordées dans le webinaire du 26 novembre 2020 où nous avons répondu à vos questions !
Qu’est-qu’un étalonnage d’activimètre ?
L’étalonnage, c’est quoi ?
L’étalonnage c’est de la métrologie. Les termes sont donc très importants ! Voici donc sa définition officielle, telle proposée par le Vocabulaire International de la Métrologie .
“Opération qui, dans des conditions spécifiées, établit en une première étape une relation entre les valeurs et les incertitudes de mesure associées qui sont fournies par des étalons et les indications correspondantes avec les incertitudes associées, puis utilise en une seconde étape cette information pour établir une relation permettant d’obtenir un résultat de mesure à partir d’une indication”
Vous n’avez rien compris ? C’est normal ! Voici une définition simplifiée : assurer le réglage d’un appareil de mesure en comparant sa réponse à une valeur de référence. Lors de ce processus, on prend garde à associer une incertitude aux résultats.
Étalonner les activimètres
L’activimètre est un dispositif médical. Le Laboratoire National Henri Becquerel (LNHB) étalonne les activimètres neufs dans ses locaux. Il s’agit du laboratoire primaire d’étalonnage. La décision de 2008 précise que les exploitants doivent tenir les facteurs d’étalonnages et date du dernier étalonnage à disposition de l’organisme de contrôle de qualité externe. On réalise un étalonnage à l’aide d’une source certifiée par un laboratoire accrédité.
L’intérêt de faire étalonner votre activimètre dans votre service : disposer d’une mesure précise pour vos conditions de mesure quotidienne !
Cascade de raccordement
L’étalonnage de votre activimètre doit être traçable. On parle donc de cascade de raccordement. Le système de raccordement doit permettre de remonter au laboratoire d’étalonnage primaire. En France ce laboratoire primaire est le Laboratoire de Mesure de l’Activité (LMA), au sein du LNHB. Chaque raccordement de la cascade crée des incertitudes. Elles se cumulent le long de la chaîne.
Accréditation COFRAC
Qu’est-ce que l’accréditation ? Nous avons déjà abordé ce point. Voici cependant quelques éléments à retenir :
- L’accréditation, c’est la confiance technique ainsi que la confiance dans l’organisation. Elle confirme les compétences du laboratoire.
- Le comité français d’accréditation (COFRAC), organisme tierce-partie, accorde (ou non !) cette accréditation
- La norme qui s’applique au laboratoire est la norme ISO17025.
- Elle garantit la validité des méthodes utilisées et les calculs d’incertitudes associés..
Les portées d’accréditation sont publiques. C’est une garantie de transparence. Vous trouverez, par exemple, la portée d’accréditation du LNHB ici, celle de esprimed là.
Retour d’expérience
La méthode
Le principe de la méthode est simple ! On réalise la mesure croisée d’un échantillon radioactif sur la chaine de référence. On obtient de l’activité de référence (1). Un logiciel développé et validé par le LNHB permet de conserver la valeur de cette mesure en y intégrant la décroissance en temps réel (2). On peut placer l’échantillon dans l’activimètre à étalonner (3). Enfin, on compare la mesure affichée avec celle mise à jour en (2), et on ajuste le calibre.
Notre site recense la liste des radionucléides disponible pour étalonner vos activimètres.
Influence de la géométrie
La réponse de l’activimètre dépend :
- Du radionucléide (nature, forme physico-chimique) ;
- De son conditionnement (type, forme, matière) et du volume de la solution. L’ensemble de ces facteurs constituent la géométrie.
On réalise donc les étalonnages pour des couples radionucléides / géométries.
On ne reviendra pas ici sur la physique de la mesure et les phénomènes mis en jeu (peut-être une prochaine fois ?). Nous vous renvoyons pour cela vers le guide d’utilisation et de contrôle qualité des activimètres, co-rédigé par le LNHB, la SFPM, et la SOFRA
Pour des conditionnements non-référencés ou pour des volumes actifs différents de notre base de donnée, il faut réaliser un étalonnage interne. Ce dernier permet ainsi de se raccorder au SI.
Notre laboratoire dispose d’une base de donnée de géométries. Lorsque votre géométrie n’est pas référencée, nous réalisons donc l’étalonnage interne dans votre service.
Les ordres de grandeur
Quelle est l’influence réelle de la géométrie sur la mesure ? C’est la question la plus fréquente que nous rencontrons ! Nous avons donc choisi de vous présenter quelques cas de figures “typiques” mesurés sur notre activimètre de référence. Ils illustrent quelques ordres de grandeur. Ils sont importants à prendre en compte quand vous voudrez construire votre plan d’étalonnage.
L’iode 123 est un radionucléide particulièrement sensible à la géométrie de mesure. On constate des écarts de réponse allant jusque 32 % entre le flacon de réception et certaines seringues !
En revanche le volume de solution influence moins la réponse dans une configuration donnée, comme le montre la figure ci-dessous.
Dernier exemple, le technétium : faut-il définir des calibres dédiés pour les seringues d’injection ? La plupart du temps, non, comme le montre la figure ci-dessous.
Les combinaisons de géométries sont infinies ! Notre conseil, c’est d’éviter de multiplier les calibres si l’impact de la géométrie est peu marqué. Pensez que trop de calibre peut conduire à des erreurs de pratique !
Dans tous les cas, nous vous recommandons de nous contacter au moment de la construction de votre plan d’étalonnage pour définir avec vous les calibres nécessaires et ceux qui ne vous apporteront pas grand chose dans votre pratique : notre base de données est là pour ça !
L’organisation d’un étalonnage
Un étalonnage se déroule en trois étapes. Nous devons les suivre pour respecter notre politique qualité.
Avant l’étalonnage
Lorsque vous nous contactez, nous analysons votre demande. Nous pouvons ainsi définir le périmètre de l’intervention. C’est un moment d’échange important comme on vous le rappelle ici. À cette étape plus encore que dans les autres nous écoutons avec attention votre besoin et vous questionnons sur vos habitudes.
Nous vous envoyons ensuite une proposition d’intervention. Elle précise ce qui entre dans le cadre de notre portée d’accréditation ou non. Lorsque nous avons finalisé cette étape, nous pouvons convenir ensemble d’une date (attention, veillez à disposer de tous vos radionucléides le jour de notre venue)
Pendant l’étalonnage
Nous arrivons souvent dans votre service la veille de l’intervention, parfois le jour même. Idéalement nous installons la chaine de mesure dans la radiopharmacie / labo chaud. Ainsi nous pouvons être au plus proche du lieu de préparation des sources.
La stabilisation de la chaine dure deux heures. Elle doit rester sous tension deux heures avant d’être utilisée.
Une fois l’installation terminée, nous procédons à la revue de devis. Il s’agit de vérifier qu’il n’y a pas d’erreur dans le plan d’étalonnage. Nous identifions aussi précisément votre équipement (porte échantillon, chemise).
Ensuite, c’est parti pour une intervention qui dure généralement plusieurs heures.
Notre objectif est de perturber le moins possible votre organisation. L’idéal ?
- Définir un interlocuteur privilégié lors de notre venue concernant les questions logistiques
- Bien s’accorder AVANT notre venue sur les géométries à étalonner ;
- Disposer des différents consommables nécessaires (seringues, flacons, sérum physiologique)
- Pouvoir accéder facilement aux activimètres – le temps d’intervention sur les activimètres par géométries est relativement court (5 à 10 min).
Ce qui va prend le plus de temps ce sont la préparation des sources et les étalonnages internes de notre chaine mesure. Ces deux étapes peuvent se faire en parallèle de l’activité clinique : il faut juste avoir un endroit permettant de manipuler les sources dans le respect des règles de radioprotection.
À noter que notre équipe réalise l’ensemble du processus d’étalonnage de la préparation des sources jusqu’à l’étalonnage des activimètres. Nous devons maitriser l’ensemble du processus !
Après l’étalonnage
De retour au Laboratoire beaucoup de travail nous attend.
Nous vérifions d’abord l’ensemble des données acquises, par soucis de traçabilité.
Ensuite, nous éditons les certificats d’étalonnages. Le responsable Technique valide les certificats et autorise leur envoi.
Ensuite, on vous demande un dernier service : lorsque nous vous envoyons les certificats, on vous demande 30 secondes de votre temps.. pour répondre au questionnaire de satisfaction. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour nous.. vos connaissez la suite !
Revivez le webinaire en entier
Nous avons discuté tous ces éléments et beaucoup lors de notre webinaire : découvrez-le donc ci-dessous en intégralité en cliquant sur le bouton ci-dessous 👇👇👇 !
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