[Le point sur..] Radioprotection et grossesse : que faire ?
Que faire en cas d’exposition d’une patiente enceinte ? Quelle attitude en cas de suspicion de grossesse ? C’est une question fréquente en imagerie médicale. Dans cet article nous abordons la question de la radioprotection et de la grossesse.
Cet article est à retrouver dans notre série “Le point sur..” qui revient sur des éléments fondamentaux en physique médicale ou radioprotection. N’hésitez pas à nous contacter pour nous proposer des thèmes qui vous tiennent à coeur !
Que dit la règlementation sur radioprotection et grossesse ?
Première étape : vérifier !
L’Article R1333-58 du code de la santé préconise
“Lorsque l’exposition aux rayonnements ionisants concerne une femme en âge de procréer, le demandeur et le réalisateur de l’acte recherchent s’il existe un éventuel état de grossesse, sauf si cette recherche n’est pas pertinente pour l’exposition prévue”.
Quelques gestes simple pour contrôler l’état de grossesse :
- Test de Beta hCG
- Questionnaire à remplir avant l’examen
- Questionnement des manipulateurs/manipulatrices avant le passage sous rayonnements ionisants
C’est à cette étape que la qualité de la relation avec vos patientes est cruciale !
À noter : l’Article R1333- impose d’informer par voie d’affichage les informations concernant la protection des femmes en état de grossesse ou allaitante.
Deuxième étape : justifier… et optimiser !
“Pour les femmes en état de grossesse ou allaitante ou si l’éventualité d’une grossesse ne peut être exclue, l’évaluation de la justification de l’acte prend en compte l’urgence, l’exposition de la femme et de celle de l’enfant à naître.
Le médecin réalisateur décide, en fonction des éléments à sa connaissance, si l’examen doit être réalisé ou peut être substitué : c’est lui qui décide !
Quand l’acte est justifié, l’optimisation tient compte des doses délivrées à la femme en état de grossesse ou allaitante et à l’enfant à naître”.
“Des conseils sont, le cas échéant, donnés à la femme pour suspendre l’allaitement pendant une durée adaptée à la nature des radionucléides utilisés notamment lors d’un acte de médecine nucléaire”.
Radioprotection et grossesse : que faire ?
La dose au foetus ou à l’embryon est très inférieure à 1 mSv lorsque l’exposition est hors de la zone pelvienne. Vous n’avez donc pas besoin de calculer la dose.
Si l’examen concerne la zone pelvienne, il faut calculer la dose. En effet, il faut estimer le détriment, c’est à dire le risque d’une pathologie radio-induite.
C’est l‘équipe de physique médicale qui réalise un calcul à partir des informations de l’examen :
- Paramètres d’acquisition (longueur explorée, indicateurs dosimétriques, appareil utilisé, etc.)
- Informations de la patiente (poids, taille, info sur la grossesse)
C’est ensuite au médecin réalisateur d’avertir le médecin demandeur er de décider de la conduite à tenir.
Il faut ensuite appliquer les recommandations de la Commission Internationnale de Protection Radiologique (retrouver ici la publication 105).
Lorsque la dose fœtale est inférieure à 100 mGy, l’interruption de grossesse n’est pas recommandée
Pour des doses plus élevées, il faut prendre en compte toutes les circonstances de l’examen : le niveau de la dose estimé, les risques de lésions pour l’embryon/fœtus en phase de développement et les risques de pathologie radio-induite. L’IRSN propose pour cela une infographie claire que nous vous conseillons de consulter et télécharger.
Faut-il déclarer à l’ASN ?
C’est une question récurrente au sujet de la radioprotection durant la grossesse.
Cela correspond au critère de déclaration N°3 du Guide de l’ASN n°11. Il faut déclarer un évènement si :
- L’équipe médicale ignore l’état de grossesse ET
- L’utérus de la patiente se trouve dans le champ d’exposition.
Dans ce cas il faut :
- Déclarer l’évènement significatif en radioprotection auprès de l’ASN ;
- Transmettre le compte-rendu d’évènement à l’ASN au plus tard dans les 2 mois suivant la déclaration
Conclusion
Tout est plus simple quand l’état de grossesse est connu. Le dialogue et l’information des patientes sont donc très importantes. Au quotidien, disposer des fiches réflexes correctement référencées dans votre système qualité vous permettra de prendre en charge sereinement ces situations toujours délicates. Bien heureusement, dans l’immense majorité des cas, on est quitte pour une bonne frayeur !
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